31/08/2022

Jules Lhérot (né à St Saulge en 1867 décédé à Crux en 1945) l’âme damnée de l’anarchiste Ravachol.

Jean-Jules (dénommé Jules) LHÉROT est né le lundi 9 septembre 1867 à Saint-Saulge (Pouzy).
Il est le fils de François LHÉROT, né le mardi 20 octobre 1829 Saint-Saulge (Pouzy), décédé le samedi 4 novembre 1882 Saint-Saulge, âgé de 53 ans -coquetier-, et de Madeleine LAURENT, née le vendredi 21 septembre 1832 à Crux-la-Ville (Les Maisons-du-Bois), décédée le vendredi 3 août 1883 à Saint-Saulge, à l’âge de 50 ans, parents qui se sont mariés le samedi 25 février 1854 à Saint-Saulge.


Au sein de cette famille, Jean-Jules a eu 2 sœurs et 2 frères :
Jeanne Marie LHÉROT, née le mardi 10 octobre 1854 à Saint-Saulge (Pouzy). Couturière, mariée le 12 juin 1876 à Saint-Saulge avec Antoine FRANCIS,
Julie Claudine LHÉROT, née le jeudi 6 mars 1856 à Saint-Saulge (Pouzy), mariée le 10 janvier 1879 à Saint-Saulge avec Jean- Marie VÉRY, 1 enfant,
Jean LHÉROT, né le samedi 4 octobre 1862 à Saint-Saulge (Pouzy), décédé le mardi 24 janvier 1922 à Saint-Maurice (Nièvre), à l'âge de 59 ans. Scieur de long, marié le 20 décembre 1883 à Saint-Saulge avec Marie-Louise MARTIN, 1 enfant,
Edmond LHÉROT, né le mercredi 22 mars 1865 à Saint-Saulge. Voiturier, à St-Saulge vers 1885, domestique à Cizely en 1889, marié le 10 décembre 1889 à Frasnay-Reugny avec Marie MOREAU.

 
L’ascendance maternelle de Jean-Jules habitait la commune de Crux-La-Ville ; d’ailleurs son arrière-grand-père, Martin Martin, habitait le moulin de Beaureplet en 1794, et était frotteur de chanvre, à son décès aux Maisons du Bois en 1834.
Jean-Jules a donc perdu ses parents assez jeune (son père quand il avait 15 ans et sa mère un an après). Comment alors s’est-il retrouvé à Paris ? Certainement par le biais de son beau-frère, restaurateur, chez qui il sera garçon de café, après avoir été jardinier en 1887. Il est militaire en 1889.

Sa destinée va alors le mettre en rapport avec la Grande Histoire en 1892 à Paris. Il est alors garçon de café au restaurant Véry, 22 boulevard de Magenta (10ème arrondissement), dont le patron Jean-Marie Véry est son beau-frère. (Jean Marie Véry, né à Château-Chinon-Campagne le 19 septembre 1853, tonnelier à Château-Chinon-Campagne, se marie à Saint-Saulge le 10 janvier 1897 avec Julie-Claudine Lhérot, sœur de Jean-Jules, et ils ont en 1880 une fille, Jeanne).

Le «Rocambole de l’Anarchisme», François Claudius Koënigstein, plus connu sous le nom de Ravachol, avait à son actif, depuis le début des années 1890, vols, crimes et attentats. Le 26 mars 1892 à 6 h 20, Ravachol dépose une bombe au n° 39 de la rue de Clichy où demeure le substitut Bulot, bilan : 7 blessés et l’immeuble fortement endommagé. Revenant en omnibus contempler le résultat de son forfait, Ravachol ne peut rien voir, l’omnibus Batignolles-Jardin des Plantes étant détourné de son trajet. C’est ainsi que vers 11 heures, il s’arrête au restaurant Véry et fait la connaissance de Jean-Jules Lhérot. Lequel fait part à Ravachol de propos critiques contre le service militaire. Ce dernier en profite pour quelque peu l’endoctriner, lui parle de l’explosion, et revient trois jours après.
Reconnaissant l’auteur des attentats décrits par la presse, Jean-Jules alerte la police (
Philippe Fraimbois, « Ravachol, les anarchistes et la République », La Nouvelle Revue d'histoire, hors-série, automne-hiver 2016tomne-hiver 2016). Ravachol est interpellé par une dizaine d’agents de police. Le 25 avril, veille du procès de Ravachol, une bombe est posée au restaurant Véry, tuant le patron Jean Marie Véry(*) et un client. Jean-Jules en sort indemne et touche 100 francs par le journal Le Temps et 300 francs du Matin

Avant l_explosion.png
Après l_explosion.png
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Jean-Jules, appelons-le Jules maintenant puisqu’il est ainsi dénommé dans les gazettes parisiennes, quitte alors la France pour échapper aux représailles des anarchistes et à son retour il sollicite et obtient une place dans la police. Il est nommé Inspecteur de la sureté à la Police municipale de Paris le 23 février 1895 (source : fiche militaire).
Il ne le restera pas longtemps puisque, à la naissance de son premier fils, François Jules, en 1900, il est à nouveau jardinier et réside 3 rue de l'Ecole Polytechnique (Paris 5e).
Jules épouse le samedi 25 juin 1904 à Maisons-Alfort Françoise GALLOIS, née le mardi 11 février 1879 Saint-Martin-du-Puy, qui décédera le mardi 4 octobre 1932 à Crux-la-Ville, à l’âge de 53 ans. Françoise Gallois avait un frère ainé, Philibert, né le 15 janvier 1860 à Saint Martin-du-Puy également, qui a fait sa vie en région parisienne ; ce qui peut expliquer qu’elle ait plus ou moins fait le même choix en quittant la Nièvre et retrouvant son frère. Sa rencontre avec Jules aurait-elle eu lieu au restaurant Véry ? On pourrait l’imaginer …

De cette union, sont nés 2 garçons et 3 filles :
-
 François Jules LHÉROT, né le jeudi 11 janvier 1900 à Paris 5ème Arrdt, décédé le lundi 23 janvier 1967 à Maisons-Alfort, à l'âge de 67 ans - Ajusteur mécanicien vers 1920 à Maisons-Alfort, marié le 30 août 1930 à Maisons-Alfort avec Henriette Jeanne BOURGEOIS,
- Edmond LHÉROT, né le lundi 31 mars 1902 à Paris 5ième Arrdt, décédé le dimanche 9 septembre 1928 à Crux-la-Ville, à l'âge de 26 ans,
Madeleine Francine LHÉROT, née le vendredi 1er juillet 1904 à Maisons-Alfort (11 rue de Bretagne), décédée le mardi 2 août 1988 à Nevers, à l'âge de 84 ans,
Lucie LHÉROT, née le jeudi 3 décembre 1914 à Maisons-Alfort (7 rue de Bretagne), décédée le mercredi 14 novembre 2001 à Les Aix-d'Angillon (Cher), à l'âge de 86 ans,
Gilberte LHÉROT, née le lundi 30 octobre 1922 à Crux-la-Ville, décédée le mercredi 20 mai 1998 à Niort, à l'âge de 75 ans.


Après son mariage, Jules est domicilié dans la ville de son épouse à Maisons-Alfort (rue de Bretagne).
On le trouve ensuite sur les tableaux de recensement de Crux-la-Ville de 1921 (il a 53 ans) et de 1936 (il a 68 ans).
C’est Lucie qui déclare son décès, le lundi 26 novembre 1945, au château du Berle (Crux) ; elle est alors employée de commerce et domiciliée 101 rue Édouard Vaillant à Alfortville.
Jean-Jules aura donc vécu 78 ans entre Saint-Saulge et Crux-La-Ville, avec, au milieu, une vie quelque peu agitée, malgré lui, à Paris, où il a eu un rôle prépondérant dans la chute de RAVACHOL.

Michel GEOFFROY et Michel PILLON, avec la contribution de Vincent GALIN. Août 2022.

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